Le Bénin promulgue une loi pour la naturalisation des afro-descendants

Le 2 septembre dernier, une loi votée par le Parlement béninois et promulguée par le Président de la République Patrice Talon, marque une étape majeure dans la reconnaissance des droits des Afro-descendants. Cette loi vise à rétablir un lien entre ces populations et leurs origines africaines, longtemps brisé par la traite négrière et le commerce triangulaire.

Une reconnaissance concrète de l’africanité des afro-descendants

Cette loi octroie la nationalité béninoise à toute personne pouvant prouver sa descendance africaine subsaharienne. Dans son article 5, elle stipule : « Les personnes d’origine africaine subsaharienne nées avant 1944 dans les États ou territoires de déportation dans le cadre du commerce triangulaire sont réputées afro-descendantes, au titre de la présente loi. » D’autres conditions incluent « avoir dix-huit ans révolus », disposer de la preuve de son afro-descendance, et avoir des parents nés avant 1944. Une fois la demande approuvée, les bénéficiaires reçoivent une attestation provisoire de nationalité valable trois ans. Pour que cela devienne définitif après ce délai, ils doivent s’être rendus au Bénin au moins une fois pendant cette période.

Si toutes les conditions sont remplies, les afro-descendants bénéficieront de la nationalité béninoise, d’un passeport béninois, de la liberté de résidence, et plus encore. Cependant, cette nationalité exclut certains droits civiques, comme le droit de voter ou d’occuper des postes administratifs. Il est également à noter que toute personne ayant menti lors de la procédure ou ayant été condamnée pour un crime, une atteinte à la sécurité intérieure ou extérieure, ou pour terrorisme, peut perdre la nationalité béninoise.

Une initiative réparatrice des blessures causées par l’Histoire

Cette loi se veut une démarche réparatrice face aux injustices historiques. En reconnectant les Afro-descendants à leurs racines, elle répond au manque d’appartenance ou au trouble d’identité africaine souvent vécu par ces communautés dans leurs différents États. Beaucoup de descendants de déportés se réjouissent de la mise en vigueur de ce texte, car il leur permettra de combler le besoin de retrouver un foyer symbolique et de tisser des liens avec le continent africain.

Sur le plan international, cette initiative renforce l’image d’un Bénin pionnier en matière de mémoire historique et de justice sociale. Le gouvernement béninois, lors de la présentation du projet de loi au Parlement en mai dernier, affirmait que la traite des Noirs, l’esclavage et la colonisation avaient « laissé des blessures profondes sur l’Afrique et les descendants des personnes déportées ». En Afrique, cette loi peut ouvrir la voie à d’autres pays pour réfléchir à des politiques similaires, mettant en avant des valeurs d’unité et de réconciliation entre Africains, quelles que soient les origines. En réalité, cette loi ne se contente pas d’accorder une nationalité ; elle représente un pont entre le passé et le présent, offrant aux Afro-descendants la possibilité de redéfinir leur identité et de s’ancrer dans une terre d’espoir, la terre de leurs ancêtres.

Ibrahima Zegbé Lamah