Paul Kagamé, Président du Rwanda depuis 2000, fait l’objet d’une enquête internationale par le site d’investigation Forbidden Stories. Cette enquête révèle les méthodes controversées de son régime, incluant l’espionnage de journalistes, d’opposants et même d’alliés.
Une surveillance systématique
L’enquête publiée ce 28 mai par le site Forbidden Stories apporte de nouvelles révélations sur le régime de Paul Kagamé. Entre 2017 et 2021, le régime a utilisé le logiciel espion Pegasus pour surveiller au moins douze personnes. Parmi ces personnalités figurent l’ancien ministre de la Justice, Tharcisse Karugarama, et l’ancien ministre des Infrastructures, James Musoni, désormais ambassadeur au Zimbabwe. Le logiciel Pegasus a été développé par l’entreprise israélienne NSO Group. Il permet une surveillance intrusive des téléphones mobiles et a été utilisé pour cibler à la fois des opposants et des alliés du régime.
Un contrôle répressif
L’enquête, fruit du travail de 50 journalistes de 17 médias dans 11 pays, souligne la répression menée par le régime rwandais. Outre l’espionnage, plusieurs journalistes, tant rwandais qu’étrangers, ont subi des pressions et même des menaces de mort. La mort suspecte du journaliste John Williams Ntwali à Kigali en janvier 2023 a été un élément déclencheur de cette investigation coordonnée par le collectif Forbidden Stories.
Double visage du Rwanda
Le Rwanda, sous la présidence de Paul Kagamé, a connu une transformation économique notable. Le pays, enclavé, enregistre la plus forte croissance économique de la Communauté d’Afrique de l’Est. Cependant, cette croissance s’accompagne d’une surveillance et d’une répression intense. Le régime de Kagamé, tout en étant indispensable aux missions des Nations unies en Afrique, est également impliqué dans le soutien au mouvement rebelle M23 en République démocratique du Congo, contribuant à une crise humanitaire majeure.
Image internationale et manœuvres internes
Malgré ces pratiques répressives, le Rwanda s’efforce de maintenir une image positive à l’international, en engageant des experts en relations publiques aux États-Unis et au Royaume-Uni. Cependant, les récentes révélations montrent que cette image est loin de refléter la réalité interne du pays. L’utilisation de Pegasus et les pressions sur les journalistes et opposants soulignent une dynamique de surveillance et de contrôle politique intense.
Perspectives électorales
Alors que le Rwanda se prépare pour les élections présidentielles du 15 juillet, Paul Kagamé est en lice pour un quatrième mandat. Malgré les critiques et les révélations, il bénéficie d’une grande admiration parmi les Rwandais pour avoir mis fin au génocide contre les Tutsis en 1994 et pour son rôle dans la transformation du pays. Toutefois, les méthodes employées pour maintenir son pouvoir soulèvent des questions sur le prix de cette stabilité apparente.