Plus de 282 millions de personnes dans 59 pays ont souffert de l’insécurité alimentaire aiguë en 2023. C’est ce que révèle le rapport alimentaire mondial publié cette semaine par une alliance créée par les Nations unies.
Le nombre de personnes menacées par la faim dans le monde n’a jamais été aussi élevé. Près de 282 millions de personnes font face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë dans 59 pays en 2023. Cette crise marque un sombre record, avec une augmentation de 24 millions de personnes depuis 2022, selon le dernier Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC). La proportion de la population touchée dépasse largement les niveaux d’avant la pandémie de Covid-19, soulignant une détérioration significative de la situation. Selon le rapport, cette hausse s’explique par une couverture plus large de l’analyse et une détérioration de l’insécurité alimentaire aiguë dans certains pays, notamment la bande de Gaza et le Soudan.
« Ce rapport sonne comme un catalogue des échecs de l’humanité », s’alarme Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, en préambule de ce document.
Une crise accentuée par les conflits et les situations d’insécurité
« Dans un monde d’abondance, des enfants meurent de faim. Les guerres, le chaos climatique et la crise du coût de la vie, combinés à une action inadéquate, se traduisent par près de 300 millions de personnes confrontées à une crise alimentaire aiguë en 2023 », s’indigne le secrétaire général des Nations unies.
Les crises et les situations d’insécurité amplifient les difficultés économiques et humanitaires déjà présentes, pouvant entraîner une perturbation généralisée des systèmes alimentaires. En 2023, les conflits ont causé la principale source de crise de la faim dans 20 pays, exposant 135 millions de personnes. Ces conflits ont provoqué la plupart des dix plus importantes crises alimentaires (en nombre ou en proportion). Selon le rapport, ils ont touché particulièrement durement le Soudan et la Palestine (Bande de Gaza). Le Soudan compte le plus grand nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë d’urgence (phase 4 de l’IPC). Près de 13 millions de personnes supplémentaires, dont les deux tiers se trouvent au Soudan, ont nécessité une assistance d’urgence contre la faim, une situation alarmante par rapport à 2022. La bande de Gaza a également connu une crise alimentaire grave, avec plus d’un quart de sa population confrontée à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire aiguë et un risque de famine.
Les chocs économiques ont affecté environ 75 millions de personnes dans 21 pays. Bien que les prix mondiaux de la nourriture aient diminué, de nombreux pays ont dû faire face à des défis macroéconomiques persistants, notamment une inflation qui a érodé le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres, mais également des niveaux d’endettement élevés. Parallèlement, les conditions météorologiques extrêmes ont été la principale cause de l’insécurité alimentaire dans 18 pays, affectant plus de 72 millions de personnes. Le phénomène El Niño et les événements liés au changement climatique ont contribué à faire de 2023 l’année la plus chaude. Ces chocs climatiques se sont traduits par des épisodes dramatiques pour les populations, avec des inondations graves, des tempêtes, des sécheresses, des incendies de forêt, des épidémies ravageuses et des maladies.
La cessation des conflits, un facteur déterminant
Pour 2024, l’évolution « dépendra de la cessation des hostilités », relève Fleur Wouterse, directrice adjointe du bureau des urgences et de la résilience de l’agence des Nations unies pour l’agriculture FAO. « Dès que les accès humanitaires » à Gaza et au Soudan seront possibles, l’aide pourra par exemple « rapidement » y atténuer la crise alimentaire, explique-t-elle.
La lutte contre ces crises persistantes exige une attention particulière et doit être portée à la sécurité alimentaire à long terme, en investissant dans l’agriculture durable, les infrastructures et les technologies agricoles modernes. L’évolution de la situation dépendra des questions de sécurité, largement de la cessation des conflits et de l’accès aux aides alimentaires pour les pays touchés. De plus, des mesures visant à renforcer la résilience des communautés face aux chocs climatiques et économiques, tels que des systèmes d’alerte précoce et des mécanismes de gestion des risques, seront indispensables.
Qu’est-ce que le Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC)
Le Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) est un document majeur qui évalue et analyse les situations d’urgence alimentaire à l’échelle mondiale. Il est produit chaque année par le Réseau d’information sur la sécurité alimentaire (FSIN) et lancé par le Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC), une collaboration entre 16 partenaires des Nations unies, l’Union européenne et les États-Unis. Le rapport fournit une vue d’ensemble détaillée des crises alimentaires, en identifiant les pays et les régions confrontés à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire aiguë. Le GRFC examine les facteurs sous-jacents à ces crises, tels que les conflits armés, les événements météorologiques extrêmes, les flambées de maladies et d’autres chocs économiques et environnementaux. En identifiant les causes profondes de l’insécurité alimentaire, le rapport vise à orienter les interventions humanitaires et les politiques visant à atténuer les souffrances et à renforcer la résilience des populations les plus vulnérables.
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